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Quelques notes sur les sapari de Munacia

par Jean-Baptiste Lucchini
décembre 2005

[Texte édité par le rédac' chef du site]

La sapara (grotte murée) résulte de l'exploitation du surplomb dégagé par l'érosion –le plus souvent coté sud, en résultat de l'activité solaire et de l'aérologie associée– dans une boule granitique. Certaines se trouvent d'ailleurs sur la crête est-ouest de la serra Pitrosa où, du parvis naturel, on découvre la double vallée du Spartanu et de la Cioccia. Les dimensions des rochers n'ont pas été évaluées mais elles sont importantes et les surplombs très vastes.

sapara de Monacia d'Aullène
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Il est sûr que certaines ont été occupées par les tous premiers "habitants" du site de la double vallée puisque Noël Carabelli –expert dans le domaine– a trouvé des éclats d'obsidienne sur le plancher de quelques unes d'entre elles. Il serait donc bon d'ajouter à ce texte un additif sur ce qu'il a à dire, accompagné d'un début de recensement cartographié et illustré des photos qu'il a prises. Il n'a pas été fait de recensement définitif de ces grottes murées mais elles sont probablement au nombre d'une trentaine. On ne peut affirmer que tout a été bâti dans la même période. Disons seulement que nombre d'entre elles ont été construites par une population de pasteurs auxquels elles ont servi d'abri et de locaux d'exploitation. Il y a lieu de penser que ces gens étaient originaires d'Aullène. Les pierres du bâti sont modelées en une ronde douce de bel effet. Il y a eu a priori un souci de prestige et de représentation. Manifesté par qui ? les occupants ? les propriétaires ? la communauté villageoise de montagne ? Le plus souvent les ouvertures sont de très petite taille et se situent à un mètre du sol. On ne pouvait y pénétrer qu'au prix d'une gymnastique contraignante. On peut imaginer que cette disposition répond à un souci de sécurité. Cet ensemble de facteurs conduit à penser qu'elles étaient à destination d'habitat et non d'entrepôt. Elles sont surdimensionnées pour être simplement des orri.

sapara de Monacia d'Aullène
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Leur nombre fait penser que la population qui les a occupées – aux moments optimaux – était importante. On peut se poser la question de la structure de la population en cause. Une population complète ? une population de pastoureaux délégués par la communauté villageoise montagnarde ? La taille des lieux habitables dégagés plaide plutôt pour la deuxième hypothèse, même si l'on prend en compte les conditions sommaires d'habitation de l'époque. Le problème est vaste et ouvre un champ d'hypothèses. Qui a muré ? quand ? qui a occupé aux diverses périodes ? pour quelles impératifs économiques ? sous quel régime légal ? s'il est avéré qu'à une certaine période ces habitants des grottes ont voisiné avec ceux des hameaux du Maracunceddu et autres maisons construites –ce qui est hautement probable– on peut également se demander quelles relations ces deux populations entretenaient et quelle symbiose économique et sociale a prévalu aux différents moments du développement matériel et de l'histoire. Le sujet, pour un si petit site qui n'a pu accueillir qu'une population d'un à deux milliers de personnes aux périodes les plus fastes – en "co-occupation" avec Aullène au demeurant– est vaste, compte tenu d'un certain effet de laboratoire naturel important dans ses possibles développements anthropologiques.

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Je m'attacherai particulièrement à décrire sommairement les sapari de Grussetu, de Sarrulatagghia et le petit groupe de Bon'Anda.

Grussetu :
C'est le classique en situation et construction ; elle domine la plaine de Munacia, auprès du rocher troué que l'on peut voir de la route d'accès à la nationale ; elle bénéficie d'un surplomb énorme et d'un parvis qu'elle partage avec une grotte plus petite ; une pierre sur le parvis a certainement servi de table ; elle est voisine d'un enclos à moutons en pierres sèches ; elle était encore occupée avant guerre ; demander à Noël pour l'anecdote ; très accessible.

Sarrulattaghia :
Son nom est limpide : serre laitière ; c'est la plus particulière ; un accès par un massif accastiddatu ; une entrée de la taille d'une porte normale ; un fenestron ; une niche ; une banquette ; un accès non muré par derrière ; pour y aller il faut demander à Noël, à Ghjaseppu Malecca ou à un chasseur ; il faut un peu marcher quand même.

Bon'Anda (bon aller ou plutôt "bon séjour") :
Le petit groupe de trois ou quatre grottes est très particulier dans la masse des autres ; elles sont situées auprès de la vallée du petit torrent du même nom ; la vallée est maintenant ombreuse ; elles sont moins vastes, l'activité érosive solaire étant moins importante, voire quasi-nulle ; donc elles résultent de l'occupation du seul surplomb offert par la forme en boule de la pierre ; elles sont donc plus petites ; dans l'ensemble on peut constater un souci de maîtrise des écoulements ; pour garantir la stabilité des terrains, pour alimenter des petits jardins ? la question est ouverte ; a-t-elle servi à des pasteurs ? en tout cas sa situation est favorable à une culture potagère ; il y a de la terre arable en fond de vallée et il subsiste les ruines d'une maison et d'un moulin à proximité ; la sécurité a été une préoccupation car parfois le visiteur est obligé à quelques contorsions, notamment dans une chicane organisée avec une pierre prélevée ailleurs et placée en biais : sous l'une de ces grottes il y a trois tumuli qui ne peuvent résulter de l'activité pluviale, laquelle aurait emporté le tuf aussi bien qu'elle l'aurait apporté ; des tombes à fouiller ? de tradition orale on sait que d'aucuns de la génération précédente ont éventré de tels tumuli et découvert des squelettes et des pièces d'armure ; l'information est à vérifier auprès de Michel Gaspari de Santina ; celle située au plus haut point est voisine d'une écaille de granit creuse de trois mètres de diamètre ; très accessibles.

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